Depuis plus de trois mois, ils sont plus d'une trentaine à dormir à la belle étoile devant le bâtiment du ministère de l'Emploi dans la capitale tunisienne. Ils sont en majorité des diplômés chômeurs originaires du gouvernorat de Kasserine. Ils sont partis sur le trimard, quelques jours après le décès de Ridha Yahyaoui .
Ce dernier, 28 ans, a été électrocuté, après avoir escaladé un poteau au cours d'une manifestation contre la modification d'une liste d'embauches au sein du ministère de l'Enseignement. Son nom aurait été retiré de la liste qui comprenait à l'origine 79 personnes.
Son décès a fait monter la colère des jeunes de la région défavorisée et marginalisée qui ont commencé à manifester pacifiquemnt au siège du gouvernorat. Ils réclamaient leur droit au travail, droit inscrit dans la nouvelle constitution tunisienne. Cependant, la réponse gouvernementale à leur protestation fût fidèle aux pratiques de la dictature et aux traditions héritées d'un régime à l'autre. Une réponse musclée qui n'a fait qu'aiguiser la colère des protestataires.
Des émeutes et des clashes entre les manifestants et les forces de l'ordre ont éclaté dans la région et se sont disséminés pour toucher plusieurs régions de la Tunisie dont certains quartiers populaires de la capitale Tunis. Un couvre feu a été décrété pour calmer les choses.
D'autre part, des réunions gouvernementales ont été tenues avec la prétention de trouver des solutions en la matière. Mais le fruit ne fût que de nouvelles promesses qui ne seraient jamais tenues.
Le sit-in au gouvernorat de Kasserine s'est depuis poursuivi sans interruption. De plus, Quelques personnes ont été déléguées pour représenter les jeunes de Kasserine dans la capitale et pour dialoguer avec les autorités dans l'espoir de trouver des solutions. A leur grand désarroi, les responsables ont continué à les ignorer. Ils sont restés là et continuent à le faire .
Les jeunes de Kasserine ne sont cependant qu'un petit exemple qui révèle la réalité des choses en Tunisie, pays dit être l'unique modèle réussi du "Printemps Arabe".
A la lisière de la capitale , un autre groupe de jeunes ayant parcouru plus de 400 km à pieds de Gafsa jusqu'à Tunis campent depuis plus de 3 mois dans un parc démuni de tout. La police les encercle et les empêche de continuer leur chemin vers la ville entravant ainsi leur droit à la circulation dans leur propre pays. Des tentatives de suicide ont été à plusieurs reprises enregistrées parmi de ces jeunes ... Leur colère monte jour après jour.
Manifestations, grèves de la faim, sit-ins et marches sont devenus le quotidien de milliers de jeunes tunisiens rongés par la colère et le désespoir. Ces derniers, piliers de la révolution de 2011, considèrent n'avoir pas bénéficié d'un changement et d'une amélioration de leur vie et de leur situation. La majorité des objectifs de la révolution ayant été ignorés par les différents gouvernements qui se sont succédés suite à la fuite du dictateur Ben Ali.
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