Mesdames, Messieurs
Je n’ai pas l’habitude ni des discours ni des assemblées aussi brillantes et aussi officielles. Je n’ai jamais préparé mes interventions préalablement.
Mais je dois là faire une concession à Papa. En effet, mon père a accepté de m’accompagner la semaine dernière au Festival du Livre de Mouans –Sartoux et je sais qu’en le faisant il a accepté de déroger à une règle de vie qu’il s’est choisie depuis la fin des années 1980 : ne plus remettre les pieds en France à cause d’une forte déception qu’il a eu et surtout à cause des difficultés que confrontent nos concitoyens demandeurs de visas , et que vous connaissez tous et que mon père qualifie de ‘parcours du combattant’.
Je fais donc une concession à mon père en lisant un speech que j ‘ai rédigé dans l’avion, et en me contrôlant ainsi afin d’être la plus proche possible du « diplomatiquement correct ». Bien que je sois convaincue que je ne pouvais pas m’astreindre aux protocoles et aux règles diplomatiques.
Mesdames et Messieurs
Volontairement, je vais me retenir ce soir de parler du passé. Le passé lointain, et le passé qui s’est arrêté le 14 Janvier 2011.Ni de tout ce que ce passé comporte de douleurs, d’injustices et de prises de position erronées. L’essentiel pour moi c’est que certains ont payé ou vont payer et que d’autres ont reconnu leur tort.
Je regarde donc notre présent et l’avenir que nous cherchons à bâtir.
Et comme je suis censée représenter ici certains des jeunes de la Révolution Tunisienne, je vais tenter de vous faire connaître quelques données et quelques positions que je partage avec beaucoup de mes patriotes :
-Tout d’abord je tiens à préciser que notre Révolution ne s’est pas accomplie le14 Janvier. Cette date n’est, de fait, que la marque de l‘enclenchement d’un processus qui, je le crois, est en marche, et qui, je l‘espère, se poursuivra.
-Je tiens ensuite à dire que nos concitoyens sont d’abord sur nous mêmes ! Mais nous croyons aussi que tant de gens, de pays et d’états avec lesquels nous partageons une histoire, des principes et des valeurs devraient nous soutenir. Du moins en se retenant de nuire à la marche naturelle de notre transition.
Nos souffrances ont été grandes et prolongées. Notre patience n’a que trop durée et nous a presque minés.
Mais, à présent, le mur du silence est tombé, le mur de la peur est tombé et nous avons bien compris que notre destin c’est nous mêmes qui le faisons.
Et nous allons faire notre destin. A notre guise Et quelque soit la férocité des forces qui tirent en arrière, le destin s’inclinera devant notre volonté.
Mesdames, Messieurs
Pour terminer, permettez-moi d’exprimer des vœux qui me tiennent de la révolution
Mon premier vœux est que la France renoue avec ses valeurs qui ont conquis le monde et sont devenues universelles et qu’elle règle rapidement et généreusement la situation de nos immigrés clandestins et qu’elle trouve une solution honorable à ce calvaire que représente la postulation à un visa.
-Mon deuxième vœux est que s’établisse entre nos peuples un partenariat basé sur l ‘égalité, la franchise et la loyauté.
Pour conclure je vous remercie pour cet accueil émouvant et pour ce trophée qui représente tant pour moi et pour mes camardes cybernautes. Et je vous prie de me permettre de dédier cet événement aux martyrs et martyres de la Révolution Tunisienne et du Printemps Arabe, et d’avoir une pensée particulière à ces jeunes que j ‘ai filmés, fauchés à la fleur de l’âge dans la petite ville de Regueb.
Mesdames, Messieurs
Merci beaucoup
Et en votre présence je fais le vœux de continuer, de persévérer et de rester toujours une blogueuse pour la liberté.
بالصحة و الراحة
RépondreSupprimerتحية مغربية
سلام
Chère Linna,
RépondreSupprimerToutes mes sincères félicitations pour ce prix. Cette reconnaissance est totalement méritée et j'espère que vous continuerez à faire de ce blog une lecture de qualité aussi longtemps que Dieu le voudra. J'avoue qu'en tant que Tunisienne, j'ai été fière qu'une de mes compatriotes soit distinguée de la sorte et je me réjouis déjà de la Tunisie de demain que nous construisons tous ensemble.
Excusez moi, je me permets de reprendre votre texte dans un petit billet que je dédie demain à l'espoir fraternel et tremblant que je, que nous, avons pour que vous, tunisiens, continuiez à éviter les écueils et que votre route soit votre, belle et fraternelle.
RépondreSupprimer(en renvoyant à votre blog bien entendu (et je vous vole aussi quelques images))