Le secteur de l 'éducation est l'un des secteurs qui reflètent le degré du développement d'un pays. Chez nous, c'est un service public national dont le fonctionnement et l'organisation sont assurés par l'état. Sous le régime de Ben Ali, ce secteur a connu comme la plupart des secteurs une grande marginalisation. Après le soulèvement du peuple tunisien, on s'est attendu à quelques petits changements qui auraient peut être pu faire bouger les choses et améliorer la situation. Malheureusement, plus de dix mois après le départ du dictateur , la situation ne semble pas avoir changé et les exemples sont abondants.
Enseignante, je suis souvent en contact avec les étudiant(e)s et parfois cela m'arrive de discuter avec eux leurs soucis et problèmes. D'ailleurs, la semaine dernière j'ai programmé un cours supplémentaire entre seize et dix-huit heures, mais je suis retrouvée toute seule dans un très large amphithéâtre. En cherchant à comprendre les raisons mes étudiantes m 'ont expliqué qu'elles ne pouvaient pas rester à la faculté si tard. Elles avaient peur des agressions et ne voulaient pas rater le bus qui les conduit au foyer universitaire et qui se fait souvent rare. Et c'est là que je me suis rappelée que les étudiant(e)s n'assistaient jamais aux cours programmés dans cette plage horaire. Progressivement, les langues se sont déliées et mes "enfants" ont commencé à me raconter leur souffrance quotidienne. Ils se sont plaints du transport public , des restaurants universitaires (inexistants là ou j 'enseigne et suite à un petit tour dans les entourages de la faculté, j 'ai constaté que les prix sont très élevés par rapport à la qualité de la nourriture proposée aux étudiant(e)s) , des foyers universitaires (n 'oublions jamais le dilemme de la faculté de la Manouba et l 'arrestation d 'une vingtaine d'étudiants qui ont entamé un sit-in pour réclamer le droit de leurs collègues filles à l'hébergement étatique) . En écoutant, ces plaintes j 'ai eu envie de pleurer et je me suis rappelée ma souffrance et celle de mes collègues. En effet, on commence chaque année universitaire par des va et vient interminables pour obtenir les salles de classe ou nous sommes supposés enseigner. Ce pèlerinage vers la faculté peut durer des semaines voire un peu plus d'un mois. Situation parfaitement prévisible puisqu'on entasse plus de 10000 étudiant(e)s dans un bâtiment conçu pour un maximum de 3000 personnes.
On a beaucoup parlé de la réforme de la police, de celle de la justice et des médias mais j 'ai l'impression qu'on préfère fermer l’œil sur les problèmes de ce secteur. D'ailleurs , je classe la réforme de l 'éducation dans les priorités . De toute façon c 'est plus urgent que les discussions stériles et interminables abordés par nos représentants à l 'Assemblée Constituante.
enfin...une blogueuse parle de l'éducation...Notre éducation a mal du primaire au supérieur...Nous sommes dans une étape décisive... Tout enseignant doit prendre sa responsabilité historique et participer à l'élaboration d'une constituante qui intègre un article qui garantit une éducation gratuite de qualité indépendante...Nous invitons tout le monde à lire et signer cette pétition que nous comptons transmettre à l'assemblé élu, merci de participer à sa diffusion
RépondreSupprimerhttp://www.petitions24.net/reforme_education
Vous avez juste mis le bout du doigt sur un problème beaucoup plus épineux. L'enseignement supérieur n'est qu'un chainon de tout un système pourri.
RépondreSupprimerLes réformes se sont suivies, concernant tous les niveaux de scolarisation, mais les choses ne font qu'empirer bien que les chiffres donnent une image rayonnante de l'état des choses.
L'éducation, allant du primaire au supérieur, a besoin de toute une reformulation, mais une reformulation réfléchie et bien étudiée qui prend en considération les moyens disponibles, les spécificités de la situation socioéconomique, et les résultats recherchés ou attendus... Et ce n'est pas si facile de le faire même si on a recourt à une baguette magique...
C'est très intéressant. Cependant, dites-vous que votre rôle d'enseignante joue un rôle beaucoup plus grand que votre unique présence en classe.
RépondreSupprimerVotre détermination à changer le monde porte fruit. D'ailleurs c'est à ma grande surprise que j'avais lu un article sur vous dans la presse québécoise.
Je ressens une fatigue dans votre billet. Ne baissez pas les bras, vous êtes une source d'inspiration pour toutes les tunisienNEs
Vincent, de la ville de Québec
Un article digne d'un OUI-OUI à l'université. Ces problémes existent depuis plusieurs années je ne sais vraiment pas comment vous pouvez déclarer que vous venez de les découvrir et dire que certains médias étrangers vous ont présentée comme le porte-étendard de la jeunesse tunisienne.
RépondreSupprimerPs: j'ai failli pleureur en lisant votre "mes enfants" on aurait dit mère Teresa parlant des miséreux de Calcutta.
Le secteur universitaire tunisien est performant.
RépondreSupprimerDommage que, comme partout ailleurs avec cette crise, il manque des débouchés une fois le diplôme en poche.
Bonjour Lina
RépondreSupprimerCertes l'éducation est prioritaire, mais je peux t'assurer que tout le pays doit être réformé, de haut en bas.Mais ce qui m'inquiète, c'est quand je vois la voracité avec laquelle nos élus se déchirent pour des postes, une honte!!!