jeudi 11 juillet 2013

Comment je n'ai pas été à la rencontre avec le Président Hollande.

Ces derniers temps j'étais submergée par les activités relatives à la défense de la liberté d'expression: Weld 15, Jabeur, Amina et tous les autres...Et c'est dans cette ambiance tantôt euphorique tantôt faite de désespoir et de souffrance que j'ai été invitée à une rencontre avec des députés français puis avec le Président  Hollande lui-même...Ma première réaction a été de  vouloir décliner les deux invitations: car il me paraissait que je n'avais aucune raison valable de m'attendre à quelque chose de vraiment positif pour mon combat actuel de ce côté_la. Puis des amis m'ont expliqué que parler à ces gens-la et surtout au Président du pays des droits humains pourrait être bénéfique pour l'état des choses dans notre pays...J'ai donc accepté les deux invitations , fait taire mes hésitations et dominé mes appréhensions qui m'assaillent chaque fois où je suis face à des rencontres à forte connotation protocolaire...

J'ai donc été à la première rencontre.Mais je n'ai pas pu y rester jusqu'au bout:elle m'a paru inutile,sans fin et ne pouvant d'aucune manière être fructueuse sinon en tant que réalisation protocolaire et formelle pour ses organisateurs.
Quand est venue donc l'heure de la deuxième rencontre le coeur n'y était plus du tout.J'allais même me décommander.Le sort en a voulu autrement.Beaucoup parmi les miens m'ont poussée à y aller.A fin d'y défendre la bonne cause encore une fois.
Etant sûre que je n'aurai pas suffisamment de temps pour m'exprimer j'ai même pensé nécessaire de rédiger préalablement mon "hypothétique" intervention pour pouvoir m'en "imbiber" et ne pas oublier l'essentiel de ce que je devais dire le moment venu.
Ma prise de notes me permet ainsi de divulguer ci-présent l'essentiel de ce que j'avais l'intention de communiquer:

Votre Excellence le Président de la République Française, Mesdames ,Messieurs

Permettez-moi de vous exprimer quelques idées en tant que citoyenne et blogueuse activiste tunisienne mais aussi en tant que lauréate  du  Prix Sean Mac Bride pour la Paix Mondiale et je crois que beaucoup de tunisiennes et de tunisiens ,jeunes et moins jeunes, se reconnaitront en ce que je vais dire.

Monsieur le Président,

En m'exprimant devant vous je ne peux pas ne pas évoquer que c'est votre pays qui a donné au monde entier ses valeurs universelles des droits humains,mais je ne peux pas oublier aussi que notre peuple a à plusieurs reprises été deçu par des prises de positions auxquelles il ne s'attendait pas de la part de la France. Je n'en donnerai qu'un seul exemple:le soutien qu'a trouvé le dictateur et son régime jusqu'à la dernière minute de son existence.
J'évoque cela non pas pour remuer  le couteau dans la plaie mais plutôt pour en tirer quelques conclusions.

Monsieur le président

Loin de moi l'idée de vous appeler à une ingérence dans les affaires tuniso-tunisiennes, mais je voudrais rappeler devant vous que les valeurs universelles sont un bien commun pour toute l'humanité qui se doit de les défendre là où elles sont bafouées.
Et vous savez bien, monsieur ,le president, que la Tunisie continue à vivre la répression, des atteintes à la liberté d'expression,le recours à la torture,l'atteinte aux droits de la femme et des regions déshéritées et personnellement je voudrais persister à croire que la France va se mettre à défendre sérieusement avec force les droits humains partout à travers le monde et surtout quand il s'agit d'un pays qui a signé avec l'Europe des accords de coopération qui englobent les questions des droits individuels et collectifs. 

Monsieur le Président

notre monde est effectivement devenu un petit village et les frontières ont presque été effacées devant les flux d'échange et aucun pays ne peut plus croire pouvoir sauvegarder sa paix et son essor sans se soucier de la situation dans les autres pays
c'est pourquoi je ne comprends pas comment votre pays continue-t-il àse barricader,à mettre tant et tant d'entraves devant nos étudiants,nos investisseurs,nos chercheurs et notre main- d'oeuvre. 

Monsieur le Président,

Je ne comprends pas aussi comment votre pays ne multiplie point ses efforts pour aider nos pays du sud à mieux se développer en instaurant des règles d'échanges équitables, en s'abstenant d'attiser les conflits, surtout quand ils sont armés. 

Monsieur le Président, 

Je suis surement  candide et naive mais je crois en les valeurs des droits humains,de l'égalité,de l'équité et de la fraternité. Et c'est pour cela que je me suis exprimée comme je l'ai fait.
Merci pour votre écoute et sachez que nous comptons surtout sur nos efforts mais aussi sur le soutien de nos amis et sur tous les humains qui croient bien que nous sommes tous des frères et soeurs.


Cependant, arrivée à quelques dizaines de mètres du lieu de la rencontre, il m'est venu à l'esprit des citations du Président Hollande s'adressant à notre A.N.C. et qui affirmaient,plus ou moins, plutôt plus que moins, que notre transition démocratique se faisait bien et était presque exemplaire.M'est venue aussi à l'esprit l'image de Amina abandonnée à sont sort, livrée à l'injustice et à la soif insatiable des hordes débarquées du moyen-âge...Me sont revenues à la mémoire les déclarations des FEMEN européennes qui se sont évertuées à justifier les excuses qu'elles ont fait à la recommandation des autorités consulaires françaises  jusqu'à oublier,ou presque, l'affaire qui était à l'origine de leur action:l'incarcération injuste d'AMINA !

M'est venu à l'esprit aussi ces accords conclus en matière de coopération en présence des deux présidents et acclamés comme s'ils représentent réellement une oeuvre exceptionnelle alors qu'ils n'ont fait que reproduire du déjà-vu:des accords mille fois reconduits avec le régime déchu !
Alors que je m'attendais à un engagement ferme et sérieux à soutenir matériellement le processus de reconstruction notamment en matière d'investissement et de création d'emplois ,à une auto-critique claire en matière du soutien longtemps apporté à un régime dictatorial malgré les accords qui engageaient la France à s'inquiéter du respect des droits humains en Tunisie ,à un appui sérieux à nos jeunes et surtout à nos femmes en matière de référence et d'adoption inconditionnelle des valeurs universelles, je ne voyais que des salamalecs et un langage qui changeait avec le changement des tribunes !
Il parait que ma voiture  elle- même  partageait ma déception, ma colère et mon indignation et il me semble que c'était elle qui avait pris l'initiative de rebrousser chemin.!


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