Ce matin j 'étais entrain de fouiller dans ma vie quand je suis tombée sur ce texte gribouillé le 14 Février 2009 par mon cher ami Saber. Cette date correspond au deuxième anniversaire de ma greffe rénale.
A quarante-sept ans je ne pensais plus apprendre grand-chose Encore moins d'une jeune fille qui ressemble beaucoup à ma nièce et qui a à peu près son âge A chaque fois que je communiquais avec elle je me mettais confortablement dans cette position d'éducateur qui rapetissait aussitôt mon interlocuteur par un impressionnant étalage de connaissances, de conseils et de belles paroles. En fait je ne lui apprenais rien; rien que des directives qu'elle avait du mal à comprendre mais qu'elle finissait par accepter uniquement par confiance et par respect. Rien que parce qu'elle croyait que j'appartiens à une génération de doués et d'illuminés, comme son père, et qui ne se considérés en fait comme tels que par rapport à la médiocrité dans laquelle sa propre génération a été conditionnée et empaquetée.
Mais ma génération de prophètes ne promettait, comme le disait Jaurès, qu'un paradis perdu dans les brumes de l'avenir auquel elle même n'y croyait guère. Des brumes, voilà le legs que nous avons laissé à cette jeunesse sans repères. Et aujourd'hui on leur demande la continuité, l'excellence, la fermeté, l'intelligence, le courage, l'abnégation et tout cet innombrable étalage de valeurs humaines supérieures qui mènent à l'homme nouveau. Sauf que ces valeurs se passent de génération en génération, elles s'héritent dans une société donnée comme dans la nature on hérite des yeux de lynx ou d'une mémoire d'éléphant. C'est ce qui distingue les peuples qui résistent et les peuples de grande dignité. Voyez l'Amérique latine.
En fait si on veut comparer à quelque chose cette situation dans laquelle l'ancienne génération a conduit la nouvelle, à qui appartient mon amie, on dirait une jeune armée inexpérimentée dont tous les officiers de quelque peu d'expérience ont déserté. Baghdad 2003, c'est là que se retrouve aujourd'hui ma jeune amie.
Dès que je me suis rendu compte de ma culpabilité, d'avoir toujours été un faux prophète, je me suis remis à l'écouter, à être attentif à ses préoccupations, ses attentes, ses préférences musicales, son look. Enfin tout ce qui ne nous ressemblait guère ou ce que nous avons considéré comme parfaitement superfétatoire. Mon raidissement intellectuel s'estompait peu à peu et je retrouvais goût à la découverte de profils qui ne correspondaient pas à nos stéréotypes par lesquels on filtrait aussi bien nos amis que nos lectures. Hier je la voyais uniquement la petite militante typique armée de gourdin à Waterloo. Qui veut transformer sans vouloir comprendre. Qui s'implique totalement dans une totale inefficacité. Qui veut écrire de la poésie sans être inspirée. L'Educateur sommeillait encore en moi. Dans ses écrits je scrutais toujours le style et la construction, voire les accents sur les e, pas ce qu'elle écrivait avec le cœur. Pas ce quelle essayait de me dire. Aujourd'hui je me suis réveillé. Je trouve du plaisir à commenter ses photos, à écouter les musiques qu'elle m'envoie, à discuter de sa vie privée. Car mon esprit nébuleux ne voyait pas que mon amie a été très malade. Si elle vit aujourd'hui c'est grâce à un organe, un petit grand rein légué par sa mère. Et ce n'est pas les brumes léguées par les politiciens. C'est un organe de vie.
Sa mère je ne la connais pas mais je l'estime beaucoup. Ce n'est pas cette mère courage qui ressemble aux personnages de Gorki. Elle est encore plus belle. C'est une mère qui enfante deux fois du même enfant. Ca ne peut être de la littérature. Mettre au monde une fille et la faire renaître de nouveau en lui donnant son rein. Son père aussi je ne le connais pas. Il aurait beau être ancien ou ex militant ou vétéran de guerre. Mais je sais qu'il a beaucoup pleuré. Pas derrière la vitre du bloc opératoire mais en cachette sûrement. C'est aussi être grand homme que d'être humble et digne devant la souffrance.
Ce que j'ai appris de mon amie c'est cette leçon d'humanité et de courage. Une simple histoire de solidarité sans laquelle toute vie aurait cessé et surtout sa vie à elle. Elle n'aurait pas survécu par de beaux discours. C'est la frontière entre le pragmatisme et l'utopie. Mais elle m'apprend aussi beaucoup de choses. Comme la langue barbare sms du chat. Je descends maintenant volontiers de mon piédestal. Elle m'a appris par exemple à écrire cette phrase barbare : El7am idha nten mali8 ken ommali8.Merci Lina.
Bonjour Lina,
RépondreSupprimerJe ne voulais pas être anonyme, mais je n'ai pas trouvé de profil adéquat ! je suis Catherine, l'un de tes contacts FB. Le texte de ton ami me touche vraiment. je pense que nous devons être de la même génération lui et moi .... cette manière de savoir être humble pour grandir encore un peu, c'est simplement l'intelligence en majesté. J'aimerais publier ce texte sur mon blog, m'y autorises tu ? bonne journée à toi. Cat
Bonjour Lina,
RépondreSupprimerNo comment, juste des larmes et beaucoup d'émotion.
Cordialement
Henda C
مبروك لينا
RépondreSupprimerأفضل مدونة عالمية في مسابقة دويتشه فيله
Bonjour Lina,
RépondreSupprimerC'est très touchant comme texte, je ne pourrai pas ajouter plus...
Félicitations Lina pour ton nouveau succès
Courage, courage et encore du courage
Jihène
Bonjour,
RépondreSupprimerJe suis journaliste à nonfiction.fr etje fais un grand article /enquête sur les blogeurs qui ont suivi les révoltes arabes. auriez-vous la gentillesse de me donner votre mail afin que l'on puisse faie une interview s'il vous plaît ?
Voici le mien : liliablaise@gmail.com
Merci d'avance
Bien à vous
bonjour, je cherche à vous contacter pour un reportage… Avez-vous un contact svp ?
RépondreSupprimermerci
Bonjour Lina,
RépondreSupprimerFélicitations pour la distinction de ton Blog par la DW, et Bravo pour ce texte. Comme ton amie Catherine, je m'y reconnais bien dans les propos de ton ami puisque, ces fichus 47 sonnantes doit être pour quelque chose. Bonne continuation.
j'ai un conseil pour ton blog: google adsense
RépondreSupprimerمقال في غاية الروعة انا استمعت السنة الفارطة الى حوار اجرت لينا صحبة والدها في اداعة اتونسية الدولية و كان من احسن الحوارات التي استمعت اليها لانها لخصت نوعا ما العلاقة الرائعة بينك و بين عائلتك كدلك معانات والدك الدي داق الامرين و تالم لالم ابنته و الم رفيقة دربه وبمعرفتي المتواضعة بوالدك اكتشفت فيه ختية و روخ خفة لم اعدها في رجل خانته الايام في عديد المناسبات.
RépondreSupprimermes félicitations pour votre engagement et votre courage. pour défendre des causes nobles. dévouement au service est votre truc. mes félicitations pour votre bourse bravoure. amour et de paix. une étreinte de l'Amérique du Sud ...
RépondreSupprimerhalo tunisian girl !
RépondreSupprimerconggrat for the BOBs award !
i am sorry i don't know any other language than english.
Keep your spirit !
mabrouk ,pour les tunisiennes cette égalité dans la constituante ,c'est la chance de votre vie pour prouver vos valeur et vos compétence .N
RépondreSupprimerC'est vraiment très touchant
RépondreSupprimeret Félicitations Leena pour ce succès, c'est bien mérité
Félicitations pour le prix The BOB's, votre bon travail a été récompensé. Les gagnants de l'année dernière, nous nous rappellerons toujours de la bonne satisfaction :
RépondreSupprimerLa Vuelta al Mundo de Asun y Ricardo
Salutations
Herzlichen Glückwunsch/Félicitations pour le Deutsche Welle Blog award. J'ajoute ton blog à mes favorites.
RépondreSupprimer1. Des textes trés interessantes!
2. Je suis interessé aux développements en Tunisie aprés la revolution.
3. Je veux "instruire" mon francais ;-).
Salutations de l'Allemagne
Je viens d'apprendre que tu as gagné le Blog Award de Deutsche Welle, c'est comme ca ce que je suis tombé sur ton blog - juste pour te féliciter et de te souhaiter tout le courage et énergie pour continuer que tu as commencer. Un jour je vais prendre un peu de temps pour lire ici...Bonne chance à toi!
RépondreSupprimerBirgit de l'Ile Rodrigues
Je viens d'apprendre que tu as gagné le Blog Award de Deutsche Welle, c'est comme ca ce que je suis tombé sur ton blog - juste pour te féliciter et de te souhaiter tout le courage et énergie pour continuer que tu as commencer. Un jour je vais prendre un peu de temps pour lire ici...Bonne chance à toi!
RépondreSupprimerBirgit de l'Ile Rodrigues
Hello. I'm a journalist with the Times of London, interested in interviewing you for a story. Could you message me privately? Sheeraf[at]gmail.com
RépondreSupprimerCheers.
Felicidades por tu papel de denuncia... El periodismo es de pasion a la verdad. Saludos desde Costa Rica
RépondreSupprimerMerveilleux!!
RépondreSupprimerlina ,parle nous s'il te plait des nouveaux parties politique tunisienne.
RépondreSupprimerj'aime beaucoup...c'est tres sincere genereux et humain.
RépondreSupprimerje repete que jeune ou vieux c'est dans la tete que ça se passe...le monde et tel qu'on l'imagine ou qu'on le defini.
ETOILES-A-STRAS
le repos du combattant
RépondreSupprimerchere lina si je peux me permettre de vous dire que dans ces combats de la vie on laisse des plumes on est marqué et des fois on a des sequelles.des fois on s'enerve on est nostalgique on est meloncolique on est enervé on se noye dans un petit verre tellement on est fatigué et vulnérable...on devient tout simplement fragile susceptible faible.
il est vrai que la vie ne nous laisse pas souffler pas de repit...il faut se prendre en main tres vite rebondir soigner ses blessures...certaines ya que le temps qui peut les soigner...sinon on est depasse par les evenements dans ce monde a deux milles a l'heure.
c'est vraiment pas evident,ca bouge et ca change tout le temps...
je pourrai remplir des pages a ecrire et partager mes delires a voix haute.mais pour resumer je vous dis chere compatriote la vie est une chanche,la votre elle est double meritez la et profitez de chaque instant rien que pour votre maman...
amicalement.
ETOILES-A-STRAS