C’est à la librairie « Diwan » au Caire que je me suis offerte la version arabe du livre « Taxi ». Un ami blogueur du sud tunisien ; un mordu de lecture m’en a beaucoup parlé et a aiguisé ma curiosité pour le lire. Au début je croyais que j’allais avoir des difficultés à le faire puisqu’il est écrit dans le dialecte Egyptien. Un dialecte bien compris et couramment parlé par la majorité des tunisiens puisque la chaine nationale de TV ne nous présentait que des feuilletons Egyptiens tout au long de l’année. Feuilletons que je ne regardais jamais et d’ou mon ignorance pour ce dialecte. Je me suis trompée puisque j’ai dévoré le bouquin en une seule nuit.
L’auteur nous invite à l’accompagner dans des voyages en taxi à travers les boulevards, les rues, et les ruelles bruyants et pollués du Caire ; cinquante-huit voyages dans le monde des chauffeurs de taxi : des voyages plus particuliers les uns que les autres. Le livre est écrit dans un langage simple, la langue de tous les jours, la langue du peuple. Il nous expose les problèmes sociaux, politiques et économiques de ses compatriotes et nous transmet les maux de son pays tels qu’ils sont vus et parfois analysés par ces chauffeurs de taxi. Des discussions et des dialogues spontanés et sortant du cœur. Des sujets qui varient entre les problèmes de tout un pays dont le chômage et la pauvreté et les amourettes et les histoires personnelles de ces hommes.
En lisant ces différents voyages et dialogues je me suis sentie dans mon propre pays. Certains passages m’ont faite revivre des scènes que j’ai déjà vécues en Tunisie.
« J’ai pris un taxi à Doqqi et nous nous sommes engagés sur le pont du Six-Octobre. La route était aussi encombrée que d’habitude mais je n’étais pas inquiet. Nous avons mis à peu prés le temps que j’avais prévu pour arriver sur la route Salah Salem. Puis aux abords du Parc des expositions, nous avons été complètement immobilisés. Cela ne m’a d’abord pas beaucoup dérangé. Mais l’attente s’est prolongée et les minutes s’écoulaient lentement. Nous avons commencé à nous renseigner autour de nous. On nous a dit que le président Moubarak était de sortie. Très bien que Dieu l’amène à destination sain et sauf et ils rouvriront la route à la circulation en quelques minutes ». Un passage qui m’a particulièrement rappelée la situation en Tunisie. Nous pauvres citoyens nous devions attendre des heures et des heures sous le soleil brulant du mois d’Aout chaque fois ou le déchu voulait partir s’amuser dans son palais de la zone balnéaire de Hammamet.
Je me suis crue entrain de regarder le journal télévisé de TV7 baptisée TV Nationale Tunisienne après le 14 Janvier en lisant ces lignes : « Radio : Ici le Caire… Voici les titres de l’actualité … Après nous avoir bien sur raconté en détail ce qu’avait fait le président Moubarak ce jour là , le présentateur nous a abreuvés d’innombrables accidents et explosions aux quatre coins du monde, en Israël, en Irak, en Inde, au Pakistan et aux Philippines. » C’st comme ça que ça se passe dans les JT des pays arabes. On consacre Trente minutes minimum pour parler des grandes réalisations et réussites des présidents et rois. Le peuple s’en fout.
Je me suis rappelée l’ambiance des campagnes électorales dans mon pays en parcourant ces lignes : « Aujourd’hui, les photos des candidats qui se présentent à l’élection présidentielle ont été publiées dans les journaux d’Etat, chacune accompagnée d’une courte présentation.- Franchement, je n’ai jamais autant ri de ma vie, m’a dit le taxi. Quand j’ai vu dans les journaux les photos de ceux qui se présentaient, j’ai explosé de rire. Ils ont tous l’air d’abrutis, de voyous à la noix. C’est à mourir de rire. Ils nous ont trouvé des gens que personne ne connaissait. »
Des élections souvent truquées .Des élections dont ont savait les résultats à l’avance. Un parti unique, d’autres petits partis pour servir de décor dans cette mascarade.
Les voyages en taxi de l’auteur se succèdent, les histoires se multiplient, les profils se défilent, et les émotions s’intensifient. Certes certains éléments distinguent les pays arabes les uns des autres mais les peuples de ces pays ont tous vécu ou vivent sous des dictatures. Un dénominateur commun qui rapproche tous ces pays et les unit : la bataille contre cette dictature. Pour moi Taxi est un livre dénonciateur de l‘une de ces dictatures. Un livre léger et sympathique mais très significatif si on lit entre les lignes.
Bonsoir Lila. Il a été traduit en Français ? Et si oui dans quelle collection ?
RépondreSupprimerL.B.
tous pour la manifestation kelmetna programmer pour le 17/6/2011 ,
RépondreSupprimerle livre est publie en francais chez Acte sud
RépondreSupprimerBonne nuit L.B.,
RépondreSupprimerj'ai aussi cherché s'il existe une traduction de ce livre. Il y a une traduction anglaise et francaise.
Ici les détails sur le livre Taxi (resource amazon.fr):
Broché: 189 pages
Editeur : Actes Sud (31 août 2009)
Collection : Mondes arabes
Langue : Français
ISBN-10: 2742785418
ISBN-13: 978-2742785414
Tu passe sur canal + en ce moment ??!!
RépondreSupprimerJe tenais à te féliciter pour tout ce que tu fais. Je suis actuellement en train de regarder l'Edition spéciale et avait déjà vu il y a qq mois le sujet sur ta rencontre avec le ministre. Bon courage à toi ( vous ) Mike Knight
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