Comme je l'ai déjà promis dans un autre billet, Kasserine le retour , je vous transmets ici quelques fragments de mon deuxième jour passé à Kasserine. Je n'ai pas pu le faire avant faute de temps.
Le 16 Décembre 2011, après un petit déjeuner consistant d'un café et de petits pots de beurre et de confiture achetés à la hâte chez l'épicier le plus proche par le Monsieur travaillant au restaurant de l’hôtel, je me suis dirigée vers le Gouvernorat. Devant la grande portière il y' avait de petits groupes de citoyens:femmes et hommes ce sont rassemblés ici pour réclamer leurs droits perdus depuis des années et des années.Il y' avait aussi des militaires qui étaient là pour protéger l'endroit. En m'approchant de la portière pour demander la permission pour entrer filmer et prendre RDV pour les journalistes que j'accompagnais avec le gouverneur ou un autre responsable, l'accueil fut chaleureux: "Bonjour Madame , on va s'occuper de ça , le gouverneur sera là dans une heure ou deux , vous pouvez-l'attendre ( mais dehors bien sur) , oui ne vous inquiétez pas il vous recevra ce jour même, c'est votre droit ..."
J'ai rejoint les journalistes et on a commencé à discuter avec les personnes présentes sur place. Elles se plaignaient toutes de leur situation sociales. Elles étaient pour la plupart des ouvrières et des ouvriers du gouvernorat. Certaines femmes m'ont parlé de la corruption qui n'a jamais cessé , des favoritisme et népotisme qui continuent ... D'ailleurs, ça je l'entends partout ou je vais.
Devant le gouvernorat de Kasserine
A un certain moment, le bon monsieur qui m'a accueillie chaleureusement m'a demandé de venir pour parler au téléphone avec un responsable. Ce dernier sans m'indiquer sa fonction m'a expliqué qu'il fallait demander la permission pour entrer au gouvernorat des semaines avant. De plus Mr le gouverneur est très occupé, ( la preuve il était 10 heures du matin et Monsieur n'était pas toujours là). Et moi qui croyais ....!
Du coup, nous sommes allés rencontrer un enseignant universitaire qui avait témoigné pour nous le 11 Janvier 2011. L'année dernière , c'était en anonyme cette fois-ci à visage découvert. Il nous a parlé des problèmes causés par des islamistes à la faculté et nous a fait part de son inquiétude et il nous a même parlé de menaces qu'il avait reçu - Dieu merci je ne suis pas la seule à recevoir ce genre de conneries.
Suite à ça nous nous sommes dirigés vers un quartier démuni ou nous avions été le 11 Janvier dernier. Nous avions pu rencontrer les mêmes familles et visiblement la situation ne change pas. Oui je vais avoir droit à des répliques genre : il faut du temps pour que les choses changent , le changement c'est lent , il faut patienter etc " . Aux gens qui dorment tranquillement chez eux , je dis allez expliquer cela à des gens qui dorment dans des gourbis et pour qui la révolution est synonyme à changement , allez expliquer cela aux gens qui espéraient un changement mais qui voient que le népotisme continue.
J'ai eu les mêmes sentiments que ceux de l'année dernière .Un sentiment de révolte m'a envahie de nouveau ... La révolution vient de commencer ...
Lina, y a un fait qui est clair, il n'y a pas eu de révolution en Tunisie, on a beau papoter depuis presqu'une année mnt.
RépondreSupprimerPar curiosité, j'ai ouvert un dictionnaire, pour vérifier la signification du mot "révolution" et à moins que ça a changé quelque part, cela ne ressemble en rien par rapport à ce qui s'est passé en Tunisie, c'est désolant mais c'est un fait.
Beaucoup ou même la majorité ne veulent pas voir la vérité en face.
Dans la vie de tous les jours, je le constate à tous les niveaux, il n'y a rien qui ait changé.
Le changement ne vient pas du jour au lendemain, il faut patienter mais aussi persévérer, persévérer à contrôler, à demander des changements et réclamer les droits, et ne jamais dormir comme c'est passé en 87.
RépondreSupprimerFélicitations pour le «Prix Rome pour la Paix et l’Action Humaine» !
RépondreSupprimerAbbas Ben Firnas
Félicitations pour le «Prix Rome pour la Paix et l’Action Humaine» !
RépondreSupprimerAbbas Ben Firnas